GUSTAVE DRON (1856-1930)

Député-maire de Tourcoing, sénateur du Nord

Ferme de la Bourgogne, salle de pasteurisation - A.G. - Médiathèque municipale de Tourcoing
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Troisième partie - Chapitre 8 - Paragraphe 2/14

Reconstruction industrielle

Si Tourcoing ne fut guère touchée ni par les combats ni par les bombardements comme le furent des villes telle qu’Arras, le matériel industriel des fabriques est rouillé ou brisé quand il n’a pas été purement et simplement enlevé par les Allemands. Mais les industriels tourquennois, dont bon nombre avait réimplanté des usines en zone libre, reprennent leurs activités rapidement, bénéficiant de la confiance des banquiers, qui eux ont confiance dans le gouvernement du Bloc National qui jure que l’Allemagne paiera.

Les entreprises TIBERGHIEN Frères et LORTHIOIS sont parmi les premières à rouvrir leurs portes, dès juillet 1919, pour reprendre à plein régime en décembre 1920. Chez CHARLES TIBERGHIEN et JULES DESURMONT Fils, la reprise est complète en 1922. Les filatures de coton de MOTTE Frères sont réorganisées de juin 1919 à novembre 1922. La filature HENRI ROBBE, l’une des plus saccagées par les occupants qui n’en avaient laissé que les murs, tourne à nouveau au début de l’année 1923.

GUSTAVE DRON fait sa rentrée parlementaire le 21 novembre 1918. Il est accueilli par une allocution du président du Sénat, ANTONIN DUBOST, à laquelle il répond avec émotion. Il entre immédiatement à la Commission chargée d’étudier les questions des départements libérés. Jusqu’au mois de mars 1919, il prendra souvent la parole pour discuter des problèmes de la reconstruction des départements ravagés. Toujours prompt à signaler les lourdeurs administratives ou les erreurs du gouvernement. Ainsi, le 14 février 1919 :

« M. LOUCHEUR a dit que les industriels des régions du Nord lui paraissent déprimés ; je ne le crois pas et ils le prouveront. Ce qui est vrai, c’est qu’ils sont paralysés par certaines inventions tel que le Comptoir central d’achats qui n’a abouti qu’à retarder, à enrayer toutes les initiatives, dont les effets ont été déplorables, puisque nous n’avons encore reçu aucune fourniture provenant de ce comptoir d’achats. Depuis plusieurs mois, on attend qu’il soit donné suite aux commandes passées par les industriels et pour la réponse qui leur est faite : adressez-vous directement aux constructeurs qui peuvent vous fournir. Pourquoi alors, avoir obligé les industriels à passer par leurs commandes par ce comptoir alors qu’ils ne demandaient qu’à faire leurs commandes directement aux fournisseurs ? (...) 


Nous demanderons, lors de la prochaine discussion du projet de loi sur les dommages de guerre, qu’on veuille bien prévoir, contrairement à ce qui a été fait jusqu’ici, des avances d’argent aux industriels pour qu’ils puissent au moins faire les travaux les plus urgents de restauration à leurs usines.
La situation se trouvera ainsi réglée sans qu’il soit besoin d’en faire mention dans l’ordre du jour sur lequel le Sénat va se prononcer ».

Par la suite, la dénonciation par INGHELS des spéculations de la fameuse “Union des Sinistrés” sur les dommages de guerre, qui vont enrichir certains alors que les plus faibles restent sans dédommagement, va remuer la vie de la métropole. DRON ne prend pas part à ce débat. Peut-être parce qu’il n’y voyait qu’une manoeuvre électorale pour le socialiste ou peut-être parce que certaines de ses connaissances de la Fédération Républicaine -regroupement des radicaux et républicains de gauche- sont impliqués dans cette cuisine électorale. La Fédération n’est en tout cas pas étrangère à la machination qui évincera INGHELS lors des législatives de mai 1924. Quel eut été son comportement s’il n’avait été sénateur mais député ? Aurait-il participé à une manoeuvre souterraine contre son adversaire socialiste pour lui barrer l’entrée de la Chambre, ou aurait-il au contraire dénoncé comme lui les agissements peu clairs de l’Union des Sinistrés ?

Les renseignements que nous avons sur la question ne suffisent pas pour apporter de réponses définitives. Quoiqu’il en soit, malgré les blocages techniques des premières années 1919-1920, les lourdeurs et retards administratifs et les spéculations de certains industriels ou financiers, l’industrie du Nord, et plus particulièrement celle de la métropole Roubaix-Tourcoing, se relève en moins de trois ans.

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Dans ce chapitre :


gustave DRON

Mémoire de Maîtrise en histoire contemporaine politique
de l’Université de Lille 3.
Octobre 1988

auteur

Bruno SIMON

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