GUSTAVE DRON (1856-1930)

Député-maire de Tourcoing, sénateur du Nord

Ferme de la Bourgogne, salle de pasteurisation - A.G. - Médiathèque municipale de Tourcoing
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Troisième partie - Chapitre 8 - Paragraphe 7/14

Le durcissement des conflits sociaux

S’il se retire de la scène politique en douceur, il n’en considère pas moins que cette équipe municipale qui est son choix doit être sa chose et conserver la ligne politique qu’il a tracée durant tant d’années : « travailler au bien de la cité avec la préoccupation constante d’améliorer le sort des petits et des humbles, dans un respect de leur dignité et de la liberté de leur conscience ».

N’espère-t-il pas secrètement rester dans les coulisses du pouvoir et conserver un rôle de décideur majeur ? N’aurait-il pas choisi le jeune LEDUC comme successeur en raison même de sa jeunesse, qui devait l’inciter, en plus de la reconnaissance qu’il lui doit pour sa promotion, à demander conseil à l’homme d’expérience qu’il est ? En tout cas, tout dans son comportement semblerait confirmer cette hypothèse. En outre, une telle manoeuvre ne porte-t-elle pas en elle les germes de la discorde ? Comment pouvait-on imaginer que le vieux médecin pût renoncer au pouvoir après un “règne” aussi “absolutiste” que solide ? D’autre part, pouvait-on imaginer qu’un jeune homme pût accepter cette tutelle écrasante sans qu’un jour il ne se révoltât ?

La tâche de ce dernier n’est du reste guère aisée. La montée incessante des prix oblige les patrons regroupés dans le Consortium à instaurer une prime sur la “vie chère” dès le mois de janvier 1920, suivie en mars d’un système d’allocations familiales aidant les familles les plus nombreuses. Mais les syndicats ouvriers ne s’estiment pas satisfaits de ces miettes qu’on leur jette. Une grève de vingt-cing jours secoue la ville du 10 mars au 6 avril. Le nombre des grévistes est impressionnant : 60.000 dont 25.000 à Tourcoing. Devant cette manifestation de force, le Consortium accepte de quadrupler le prime de “vie chère”, tout en attendant son heure pour retirer d’une main ce qu’il semble accorder de l’autre.

Ainsi en février 1921, les patrons réduisent de 25% cette prime. Une seconde baisse en juin fait monter la tension, et une troisième annoncée pour le 1er août déclenche la grève. Commencée le 16 août, elle touche cette fois 70.000 ouvriers dont 33.000 à Tourcoing malgré le chômage qui rend la condition ouvrière encore plus délicate. Chiffres jamais atteints à Tourcoing, qui pourtant ne forcent pas encore les industriels du Consortium à lâcher prise. Les ouvriers retournent au travail avec de maigres satisfactions, après deux mois de luttes.

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Dans ce chapitre :


gustave DRON

Mémoire de Maîtrise en histoire contemporaine politique
de l’Université de Lille 3.
Octobre 1988

auteur

Bruno SIMON

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