GUSTAVE DRON (1856-1930)

Député-maire de Tourcoing, sénateur du Nord

Ferme de la Bourgogne, salle de pasteurisation - A.G. - Médiathèque municipale de Tourcoing
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Troisième partie - Chapitre 8 - Paragraphe 13/14

La rupture se précise

En février 1923, la mort subite du Conseiller général FOUQUET-LELONG entraîne de nouvelles élections cantonales. Les dronistes majoritaires à la “Solidarité Républicaine” continuent de soutenir HENRI ROBBE, alors que la droite, les radicaux de la Fédération et une minorité de la Solidarité suivent LEDUC qui soutient PAUL MARÉCHAL, président de l’Union des Commerçants. Du côté communiste se présente ANDRÉ MARTY, inéligible [1] . ROBBE, en troisième et dernière position doit se désister pour MARÉCHAL qui ne l’emporte sur MARTY que de 800 voix, tant est grande désormais l’influence communiste dans la métropole. La rupture entre le maire de Tourcoing et le sénateur du Nord se précise.

Durant l’été, DRON dépose à la mairie un rapport visant à l’aménagement d’un centre de soins pour tuberculeux à l’hôpital de la rue de l’Yser. Nous avions déjà vu auparavant la volonté de DRON d’ouvrir un tel service à Tourcoing. Simple affaire de conceptions scientifiques divergentes, ou au contraire refus de principe politique, le 3 juillet LEDUC fait repousser le projet pas le Conseil municipal.

En 1924 DRON est réélu pour son dernier mandat sénatorial au premier tour de scrutin, avec 1.138 voix sur les 2.516 grands électeurs, soit treize voix en dessous de la majorité absolue. Ce qui le place septième d’une liste qui comprend trente noms et dont les huit premiers seulement sont élus...

Il est indéniable que sa côte de popularité est tombée, si l’on se souvient qu’aux deux élections précédentes de 1914 et 1920, il avait dépassé la majorité absolue. Il entre néanmoins à la Commission des Chemins de Fer et à celle des Postes. Son activité sénatoriale accuse à partir de cette date les premières faiblesses ; on ne le voit plus guère soutenir de longs discours devant ses pairs.

Les élections législatives du 11 mai 1924 ont amené la victoire du Cartel des Gauche et ÉDOUARD HERRIOT à la tête du gouvernement.

À Tourcoing, la guerre larvée entre les deux hommes est dorénavant ouverte et les oblige à choisir leur camp. DRON bouscule en effet LEDUC dans les rangs de la droite. En mars, le maire réduit le budget accordé aux hôpitaux, visant DRON au travers de cette mesure et espérant peut-être faire le plein des voix des adversaires du sénateur. DRON lui répond par un tract ironique et direct le 1er mai. La municipalité contre-attaque comme elle l’avait déjà fait : les comptes tenus par DRON ne sont ni clairs ni étalés au grand jour. Si LEDUC semble hésiter entre gauche et droite, le pas semble franchi quand son ami et candidat heureux des dernières cantonales, PAUL MARÉCHAL, également conseiller municipal, vote contre la politique de laïcisation des radicaux-socialistes du Conseil avec l’ensemble des conservateurs, lors de la séance du 3 octobre.

La position de LEDUC est bien inconfortable. Ainsi le voit-on assister au banquet des Amicales Laïques du Nord, aux côtés de GUSTAVE DRON, LOUIS LOUCHEUR, DANIEL VINCENT, sans compter les élus socialistes et communistes et une bonne part des radicaux de la Fédération. Banquet présidé par HERRIOT lui-même, organisé pour fêter la victoire du Cartel des Gauche à Roubaix-Tourcoing.

Ce sont là les événements marquants de cette période de cinq années de “repos” pour l’ancien maire, qui s’achève dans la discorde. Le pouvoir n’est pas une chose facile à partager, surtout pour des hommes comme lui, habitués à travailler et à décider en solitaire, sans concession. C’est sur ces scènes pénibles que tombe le rideau. Le prochain acte s’annonce orageux. L’union des radicaux de 1919 a volé en éclats : radicaux de la Fédération, radicaux-socialistes, républicains de gauche ou plutôt dronistes et anti-dronistes vont pouvoir bientôt compter leur voix. Les prochaines élections municipales, six mois plus tard, vont permettre de régler des comptes...


[1ANDRÉ MARTY (1886-1956) le “mutin de la Mer Noire” sera l’un des grandes figures du PCF après la seconde guerre mondiale. En1919, il avait été condamné à vingt ans de travaux forcés pour son instigation de la “mutinerie rouge” en rade d’Odessa. Juste gracié en 1923, il reste encore inéligible.

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Dans ce chapitre :


gustave DRON

Mémoire de Maîtrise en histoire contemporaine politique
de l’Université de Lille 3.
Octobre 1988

auteur

Bruno SIMON

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