GUSTAVE DRON (1856-1930)

Député-maire de Tourcoing, sénateur du Nord

Derniers bonheur, parties de cartes - Carte postale début 20e - Collection privée Acheré - Dépôt Lille 3 IRHIS

Troisième partie - Chapitre 9 - Paragraphe 12/15

La mort est passée

Le dimanche 17 août, vers dix heures du matin, Mme LOUISE BRUN, attachée à son service depuis trente-cinq ans, entendit un bruit de chute dans la salle de bain. S’y étant précipité, elle trouva le vieux docteur étendu, une blessure à la tempe droite. Pris d’une syncope, il était tombé et sa tête avait heurté le rebord de la baignoire. Il respirait encore. La servante courut alors chercher de l’aide chez le voisin, M. HAQUETTE, chez qui se trouvait une infirmière, Mme VERHELTS. Les soins prodigués en toute hâte ne furent d’aucune utilité, la mort l’emporta rapidement et le docteur GEORGES DESMET que l’on avait fait appelé n’arriva que pour constater le décès.

Tandis que son ami le commissaire LENFANT, assisté de l’inspecteur de police BOUSSEMART, se chargeait de prévenir l’ensemble de ses connaissances, on descendait le corps au rez-de-chaussée. Rapidement les premiers prévenus vinrent le voir, et avant midi commença le défilé des visiteurs. Beaucoup d’entre eux étaient de condition modeste. Dans l’après-midi, on voit parmi ceux-ci LANGERON, préfet du Nord et BOUJARD son secrétaire préfectoral, THAUNE consul général de Belgique, LEBAS maire de Roubaix, aussi LECLERCQ, l’ancien curé de Saint-Christophe qui vient rendre hommage à son adversaire de toujours. Et tant d’autres personnalités, petites et grandes, tant d’autres inconnus, modestes ou pauvres défilèrent devant son corps revêtu de sa redingote noire et ceint de cette écharpe tricolore qu’il avait si longtemps conservée, reposant tranquillement parmi les fleurs, sous les drapeaux français.

Puis la nouvelle parvint à Liège où se trouvait la plupart des membres du Conseil Municipal, car Tourcoing avait été désignée pour représenter la France dans les oeuvres sociales. Curieuse coïncidence : DRON mourait le jour où se tenait l’Exposition Internationale de Liège dont une manifestation au pavillon français présentait la synthèse de son oeuvre.

Le mardi 19, son corps est transporté dans la salle d’honneur de l’Hôtel de Ville, où les sapeurs de Tourcoing en grande tenue le veillent. Pendant deux jours, la foule se recueille autour du lit funèbre. Les fleurs, en gerbes somptueuses ou en humbles bouquets, comme autant de tâches de couleurs vives, débordaient de partout le décor de crêpe et de velours sombre, pour témoigner de l’affection de ceux qui l’aimaient.

Entre le 17 et le 18, ce sont une centaine de lettre et une quarantaine de télégramme qui arrivent au 18 rue des Piats. Parmi les télégrammes remarqués, celui d’ANDRÉ TARDIEU, Président du Conseil et de PAUL ROQUÈRE, son chef de cabinet, aussi ceux de LOUIS LOUCHEUR, ancien ministre de la Reconstruction, ÉDOUARD HERRIOT, chef du Parti Radical, ancien Président du Conseil du Cartel. Trois cent cinquante personnalités, locales ou nationales, se présentent personnellement au chevet du défunt. Ce sont plus de quatre mille cinq cents cartes de condoléances que l’on dénombrera.

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Dans ce chapitre :


gustave DRON

Mémoire de Maîtrise en histoire contemporaine politique
de l’Université de Lille 3.
Octobre 1988

auteur

Bruno SIMON

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