GUSTAVE DRON (1856-1930)

Député-maire de Tourcoing, sénateur du Nord

Seconde partie - Chapitre 5 - Paragraphe 1/10

La laïcité

C’est dans la perspective d’abattre définitivement l’Ancien Régime que les républicains s’en prirent à l’Église, son plus solide pilier. Dès le Second Empire, la laïcisation faisait partie des programmes avancés des opposants. Républicains ennemis de la religion, non, mais opposés à la réaction conservatrice catholique, oui. Il est indéniable que les conservateurs eurent pour rempart l’Église et que les Républicains la virent souvent entraver leurs entreprises ; « intellectuellement, elle verse dans l’obscurantisme, politiquement dans la réaction » [1].

Et c’est bien sur le terrain de l’enseignement à l’école, de la formation intellectuelle, morale et philosophique de la jeunesse, enjeu fondamental, que le combat pressait. C’est sous l’impulsion de JULES FERRY que les lois ou décrets de 1880 à 1881 proscrivent les jésuites et obligent maristes ou autres congrégations à solliciter l’autorisation de subsister. Puis les lois de 1881 et 1882 instituèrent l’école obligatoire, gratuite et laïque, en interdisant de plus à tous les religieux l’accès aux locaux scolaires laïcs.

Précisons que ces lois n’en avaient pas moins un côté conservateur qui déplaisait à l’extrême gauche, aux socialistes révolutionnaires, puisqu’elles avaient pour but de substituer à la religion une morale non dogmatique mais bien traditionnelle néanmoins. Mais ceux-ci acceptaient de défendre la République aux côtés des modérés, opportunistes ou même bourgeois, sur le front de la querelle religieuse, selon le principe de la “défense républicaine”, tant était tenace la résistance des catholiques. Sans oublier que les luttes religieuses faisaient oublier la question sociale aux principaux intéressés, et peuvent être en ce sens considérées comme un frein, une diversion aux progrès sociaux ; « Le grand cheval de bataille pour éviter les transformations sociales », pouvait surenchérir la droite [2].


[1Jean-Pierre AZEMA, in "la IIIe République".

[2F. PONTEIL,in “Les classes bourgeoises et l’avènement de la démocratie”.

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Dans ce chapitre :


gustave DRON

Mémoire de Maîtrise en histoire contemporaine politique
de l’Université de Lille 3.
Octobre 1988

auteur

Bruno SIMON

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