GUSTAVE DRON (1856-1930)

Député-maire de Tourcoing, sénateur du Nord

La nouvelle gare de Tourcoing en construction - E.C. - Médiathèque municipale de Tourcoing

Première partie - Chapitre 1 - Paragraphe 5/10

Une popularité croissante

Notre jeune docteur est à peine installé à Tourcoing qu’il commence à exercer sa profession. Sa clientèle est avant tout ce1le des classes laborieuses, où il découvre l’extrême pauvreté dans laquelle elles survivent. Les inégalités sociales frappantes le touchent et il ne les oubliera jamais. Sans doute se rappellera-t-il tout au long de sa carrière de ses débuts, qui sont pour beaucoup dans sa volonté de secourir les plus défavorisés. De plus, l’homme inspire confiance. De grande stature, le front haut, la chevelure brune et la barbe courte, le regard profond et franc où se devinent intelligence et générosité, son physique est déjà un atout considérable, une des raisons qui conditionnent son succès.

La ville connaît alors le premier succès républicain aux municipales, ce à quoi il est encore bien évidemment étranger. Le 9 janvier 1881, en effet, les conservateurs avaient réussi à occuper 30 sur 32 des sièges de conseillers à pourvoir. Suite à diverses irrégularités constatées par le Conseil de Préfecture, le scrutin est annulé et les élections reportées au 10 avril. C’est ainsi qu’une liste d’opposition, conduite par VICTOR HASSEBROUCQ, qui rassemblait 22 républicains et 10 libéraux modérés de Ia liste conservatrice « Défense des Libertés Publiques », l’emporte à la surprise et au regret de « L’Indicateur » qui déplore « l’échec immérité de la majorité éclairée de notre population ».

Tourcoing entrait ainsi timidement dans l’ère républicaine. VICTOR HASSEBROUCQ est élu maire le 29 avril [1] par les conseillers municipaux [2]. C’est à lui que DRON succédera dix-huit ans plus tard, en 1899. Si HASSEBROUCQ était un républicain modéré, nous notons la présence au Conseil municipal de républicains plus avancés tels FIDÈLE LEHOUCQ, EDOUARD SASSELANGE, et précisément, LOUIS LELOIR.

L’année suivante, le 22 octobre 1882, FIDÈLE LEHOUCQ, adjoint au maire, entre au Conseil Général. La lente conquête républicaine du pouvoir se poursuit. LOUIS LELOIR était alors chef du Parti Républicain. Son amitié sera alors profitable à DRON sans aller jusqu’à dire qu’il se servit de la notabilité et de la popularité des LELOIR à des fins personnelles. Néanmoins, cette famille lui ouvrit la voie vers la vie publique et il ne fut certainement pas difficile pour LOUIS LELOIR de convaincre Ie jeune homme d’envisager une carrière politique. De plus, en 1883, ce dernier épouse civilement MARIA LELOIR faisant ainsi de son « tuteur politique » et ami son beau-père ! Nous le voyons décidément très lié à cette famille.

1883 est également l’année de la pose de la première pierre du Lycée de garçons du boulevard Gambetta que préside, le 4 novembre, le ministre de l’Intérieur WALDECK-ROUSSEAU. Une manifestation républicaine qui déclenche la protestation des « chefs de famille, propriétaires, industriels, manufacturiers et patrons domiciliés à Tourcoing ».

Nous sommes ici dans les quelques années décisives durant lesquelles Ia République donna forme progressivement à l’instruction primaire et secondaire, par une série de lois et de décrets. L’école est en effet le terrain privilégié de la lutte contre l’Église, dont l’influence s’exerce surtout par l’éducation religieuse des enfants. Tourcoing, nous le verrons par la suite, sera tout particulièrement un exemple significatif de ce déchirement violent entre les tenants d’une école laïque et ceux d’un enseignement catholique.


[1Arch. Mun. de Tourcoing, série DIA, doc. 25.192/205.

[2La loi du 28 mars 1882 entérine ce fait : le conseil municipal élit dorénavant le maire.

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Dans ce chapitre :


gustave DRON

Mémoire de Maîtrise en histoire contemporaine politique
de l’Université de Lille 3.
Octobre 1988

auteur

Bruno SIMON

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