GUSTAVE DRON (1856-1930)

Député-maire de Tourcoing, sénateur du Nord

Seconde partie - Chapitre 4 - Paragraphe 10/14

Plus radical que jamais

Durant son quatrième mandat parlementaire, DRON se montre plus radical que jamais. Le 13 juillet 1906, il vote contre une poignée d’antidreyfusards irréductibles, dont son collègue GROUSSEAU, l’ordre du jour rendant hommage aux “révisionnistes” du procès, mais reste cependant le seul député du Nord à s’abstenir lors du vote sur le transfert des cendres d’ÉMILE ZOLA au Panthéon.

En juillet également, il vote contre l’amnistie des grévistes de la Fonction Publique et contre la réintégration des facteurs licenciés pour fait de grève. De même, lorsque les ouvriers municipaux de Tourcoing se mettront en grève en 1911, il ne leur pardonnera pas. Le sentiment de servir l’État est pour lui primordial, et ne s’accordant à lui-même aucun repos, il ne tolère pas que les autres puissent avoir un sentiment de “service publique” inférieur au sien.

Le 30 novembre, il vote pour le relèvement de l’indemnité parlementaire annuelle de 9.000 à 15.000 francs. Ce qui permettra à ses adversaires, durant la campagne des cantonales d’août 1907, d’apostropher l’ouvrier en ces termes :

« DRON s’est voté 15.000 balles au lieu d’augmenter ton salaire et s’est adjugé une retraite pour lui au lieu de te la donner [1] ».

Cette critique émane bien entendu d’industriels, qui comme GROUSSEAU, n’ont guère besoin d’une augmentation de leur traitement de député pour vivre. Ce qui n’est pas le cas pour les membres des classes moyennes élus au Palais Bourbon.

Contre les libéraux, il vote le 7 décembre pour le rachat par l’État des Chemins de Fer de l’Ouest.

Durant les élections municipales de 1908, les représentants tourquennois de la SFIO proposent au maire sortant de constituer une liste commune de second tour. Cette demande embarrasse fortement DRON qui y voit une tentative de la part des socialistes SFIO d’investir le Conseil municipal, alors qu’il se débat déjà avec des socialistes indépendants, moins dangereux car moins organisés. Il refusera donc, avec obstination et mauvaise foi, prétextant que bon nombre des hommes de la liste “Solidarité Républicaine” ont des “convictions” socialistes. La liste radicale sera réélue, comme l’avait supposé la SFIO de Tourcoing. Les adjoints de 1904 sont tous les quatre reconduits [2]

Le 8 décembre 1908, avec tous les députés socialistes du Nord et la majorité des radicaux, il vote contre la peine de mort, qui est maintenue avec une avance de cent vingt-neuf voix.

En 1909 il vote successivement en faveur de l’impôt sur le revenu du gouvernement BRIAND [3] dont le projet ne sera adopté par le Sénat qu’en 1914, et contre la représentation proportionnelle que l’on voudrait substituer au scrutin majoritaire d’arrondissement à deux tours, institué depuis les législatives de 1889 [4].

Le 29 mars 1910, quand l’ordre du jour est le relèvement du tarif des douanes, il vote favorablement avec l’ensemble de la Chambre (470 voix pour, seulement 89 voix contre) qui trahit par là son unanimité en faveur du protectionnisme économique.

Le 30 octobre, il refuse cette fois sa confiance à BRIAND, Président du Conseil, certainement surpris et déçu par la sévérité avec laquelle ce dernier a brisé la grève des cheminots d’octobre 1910.

Puis, lorsque la droite interpelle ce même gouvernement le 24 novembre, sur la question du contenu des manuels scolaires des écoles publiques, il s’abstient, se séparant des plus anticléricaux et manifestant encore sa déception à l’égard du Président du Conseil, qui au contraire s’attira la sympathie des modérés.


[1Arch. Dép. du Nord, série M, Dossier 59.201 des élections cantonales 1907.

[2Émile LECOMPTE, Léon SALEMBIEN, Victor FLAMENT et Maurice CORDIER. Arch. Mun. de Tourcoing, série D1A, doc. 58.2.

[3Aristide BRIAND. Député de la Loire en 1902. Apôtre de la politique de désarmement et de la réconciliation avec l’Allemagne.

[4Dans l’objectif d’écraser le boulangisme. Voir au chapitre 1 “Le premier député républicain de Tourcoing”

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Dans ce chapitre :


gustave DRON

Mémoire de Maîtrise en histoire contemporaine politique
de l’Université de Lille 3.
Octobre 1988

auteur

Bruno SIMON

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