GUSTAVE DRON (1856-1930)

Député-maire de Tourcoing, sénateur du Nord

Bureau de Bienfaisance de Tourcoing - L.L - Médiathèque municipale de Tourcoing
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Seconde partie - Chapitre 6 - Paragraphe 13/14

La durée du travail dans les mines

Nous avions vu qu’en retrouvant son siège aux législatives de mai 1906, il fut nommé Président de la Commission des mines. Il conserva cette prérogative pour son 6e et dernier mandat, de 1910 à 1914. Le 20 juillet 1909, le dernier gouvernement du Bloc s’effondra quand GEORGES CLÉMENCEAU dut démissionner, mis en minorité par 212 voix contre 196. On en revenait alors à une ère d’instabilité ministérielle. En janvier 1912, RAYMOND POINCARRÉ, profitant de la chute du ministère précédent à cause de l’Affaire marocaine, formait un gouvernement axé au centre, sans les progressistes ni les catholiques de droite. BRIAND était à la Justice, MILLERAND à la Guerre, le radical BOURGEOIS au Travail.

En mars, un projet de loi sur la réduction du travail dans les mines est discuté. Il est inutile de préciser que les heures supplémentaires, les “longues coupes”, sont monnaie courante dans les mines françaises. Une loi instituant une limitation horaire ne pouvait que heurter bon nombre d’intérêts privés qui savaient peser de tout leur poids pour contrecarrer son principe.

DRON, en tant que président de la Commission des mines chargé de présenter cette loi est pris entre le marteau et l’enclume. Entre l’envie de suivre les généreuses mais tranchantes volontés des socialistes et la nécessité d’accorder d’ultimes concessions aux patrons miniers, sous forme de dérogations accordables par le gouvernement. Ces dérogations ont pour, entre autres buts, celui inavoué de faire produire par les ouvriers des mines non grévistes, un excédent destiné à compenser les pertes dues aux mines en grève ! DRON est donc obligé de manoeuvrer délicatement et inconfortablement entre BOURGEOIS et JAURÈS. Entre un ministre du travail, radical comme lui mais prisonnier d’un gouvernement de centre droit, et un député socialiste duquel il se sent proche mais qui veut aller plus loin, risquant par là de tout faire échouer.

Les débats sont trop longs, trop complexes pour être rapportés ici en détail. relevons cependant quelques uns des passages les plus importants de ses déclarations. Répondant à LÉON BOURGEOIS qui avait déclenché des exclamations sur les bancs de droite :

« Je dis ‘marchandage’ parce que malheureusement nous en sommes là. Je suis bien obligé de constater que chaque fois qu’il s’agit de lois sociales, c’est à un véritable marchandage que l’on se livre entre le Sénat et la Chambre, pour arriver à une solution. ».

Puis répondant à JAURÈS qui le harcèle :

« Si je n’écoutais que mon sentiment, je demanderais la suppression pure et simple de toutes les dérogations. Mais comme nous voulons aboutir à une réalisation, comme nous voulons faire oeuvre pratique et faciliter la tâche de M. le ministre du travail, nous nous en rapportons à lui pour qu’il ne s’écarte pas trop, dans les tractations et les accords qu’il pourra être amené à faire avec le Sénat, de la base de durée des dérogations à laquelle la Commission de la Chambre s’est résignée. ».

Le débat sur la limitation du travail minier et l’accord sur les dérogation est loin d’être clos. Le mouvement de va-et-vient entre la Chambre et le Sénat, les résistances conservatrices et les intérêts capitalistes n’en facilitant en rien la conclusion. En novembre 1913, PAUL DESCHANEL, président de la Chambre met au vote l’article12 qui autorise les dérogations à raison d’un maxima de soixante heures par an et de deux heures par jour, facultatives pour l’ouvrier. Une demie-heure de dérogation devant être comptée comme une heure entière dans le calcul du salaire.

DRON ne manque pas de rappeler au cours de ce vote son aversion pour le système de dérogation, jetant aux députés que beaucoup trop de mineurs de fond, usés par l’excès de travail, et que plus de dix-neuf mille enfants de treize à dix-huit ans, ont droit à la protection de la loi.

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gustave DRON

Mémoire de Maîtrise en histoire contemporaine politique
de l’Université de Lille 3.
Octobre 1988

auteur

Bruno SIMON

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