GUSTAVE DRON (1856-1930)

Député-maire de Tourcoing, sénateur du Nord

La nouvelle gare de Tourcoing en construction - E.C. - Médiathèque municipale de Tourcoing
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Première pertie - Chapitre 1 - Paragraphe 4/10

Au 18 de la rue des Piats à Tourcoing

Il arrive à Tourcoing en Août 1880, l’année du percement du Boulevard Gambetta et de la création du cercle catholique de la Croix Rouge. Cette année-là, la grève générale du 1er Mai avait secoué la ville pour la première fois depuis les dernières émeutes de 1848. Tourcoing s’éveillait doucement aux questions politiques et sociales après un long sommeil sous le Second Empire.

Favorable au régime impérial comme une grande partie de la France rurale, Tourcoing, sous la forte pression des classes dirigeantes conservatrices et catholiques, avait échappé jusque là aux agitations populaires urbaines. Au point de vue des mentalités, Tourcoing, bien que comptant près de 50.000 habitants [1], n’était encore qu’une petite ville de province, certes en expansion. Ce faible répondant des ouvriers tourquennois à la contestation sociale faisait dire aux éditorialistes et journalistes de la conservatrice gazette, « L’Indicateur de Tourcoing », que « les ouvriers de Tourcoing sont tranquilles et convenables. » La grève ne dura d’ailleurs que quelques jours, sans violence ni répercussion.

1880 est aussi l’année du début du conflit religieux, suite au décret du 29 mars sur les congrégations non autorisées. Les 8 et 9 novembre, il faut l’intervention armée de chasseurs à pied pour l’expulsion des Pères de Sainte-Marie du couvent de la rue de Guisnes, rue parallèle à la rue des Piats. La ville défend ses religieux.

Quelles sont maintenant les raisons profondes, les motivations secrètes qui amenèrent DRON à Tourcoing ? Nous pouvons penser que pour ce jeune intellectuel pressé d’agir, plein de compétence et d’ardeur - pour ne pas dire de foi - le cadre restreint de Marcoing ne pouvait convenir, surtout après avoir étudié à Paris. La volonté de se retrouver dans un environnement urbain ou la vie politique et sociale est tellement plus vivante, plus mouvante, l’a certainement entraîné vers l’agglomération lilloise.

A-t-il choisi délibérément Tourcoing, où les forces conservatrices étaient les plus puissantes afin de faire progresser cette ville, ou son choix fut-il simplement le fruit du hasard ? Pensait-il pouvoir faire triompher des idées nouvelles dans la "citadelle de la chrétienté" ? Choix prémédité ou de dernière minute, motivé par la rencontre de quelques particuliers, ou Ie besoin en médecins de cette ville en croissance ? Intérêt humain, professionnel, ou politique ? Nous pouvons gager qu’il avait suffisamment d’intelligence pour envisager le développement de Tourcoing, d’ambition pour y participer personnellement, et d’énergie pour s’y consacrer pleinement.

Dans son testament, nous trouvons quelques lignes au sujet de son arrivée à Tourcoing :

« (...) tel j’ étais à mon arrivée à Tourcoing où le seul désir d’exercer la médecine m’attirait (...) »

Et plus loin, quant à son action :

« ( ... ) laissant le souvenir d’un homme qui a servi son pays, son parti et ses idées avec un dévouement continu qui excluait toute tendance à rechercher dans la politique des satisfactions d’ambition ou d’intérêt. Je me suis surtout intéressé à Tourcoing, à sa prospérité, au bien-être de ses habitants, (...) »

Ses lignes sont-elles le reflet des intentions passées réelles du jeune homme qui arrivait à Tourcoing, ou au contraire, celui du désir présent d’auto-justification du vieil homme qui va mourir ? Quoiqu’il en soit, c’est dans une modeste demeure de la rue des Piats, au numéro dix-huit, qu’il installa son cabinet médical. Il y restera toute sa vie, i1 ne déménagera jamais et c’est dans cette maison que la mort le trouvera un demi-siècle plus tard.

Son activité professionnelle faisant de lui un homme de contact et de rencontres à tous les niveaux des couches sociales, il ne tardera pas à rencontrer les LELOIR, vieille famille républicaine de Tourcoing. Famille connue car depuis la Révolution, elle compte dans son arbre généalogique, vingt-quatre notables, douze officiers et un maire. Également connue pour ses idées avancées et son athéisme. DRON lui restera toujours très attaché et c’est de plus parmi ses membres qu’il choisira sa compagne.


[148.364 habitants exactement. Bulletin mensuel de l’Association Régionale de Géographie, 7 juillet 1927.

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Dans ce chapitre :


gustave DRON

Mémoire de Maîtrise en histoire contemporaine politique
de l’Université de Lille 3.
Octobre 1988

auteur

Bruno SIMON

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